Une fois n’est pas coutume, je me lève tôt (en même temps pas trop le choix, je suis un peu dans l’illégalité il faut dire ;-)). Je lève le camp rapidement, aidé aussi par ma décision de prendre mon petit-déj dans un endroit plus propice : ce sera Ray-sur-Saône, un village remarquable pour son grand château qui domine la vallée, à quelques encablures de là.  Au menu : petit déjeuner royal oriental, à base de restes de boulgour blond de la veille, sucre, raisins secs, amandes, noisettes, cajous et figues séchées.

Mon chemin me fait prendre quelques routes à l’écart de la Saône qui me font réaliser que le relief se creuse peu à peu. Le thermomètre prend son envol au-dessus des 30 degrés, mais cela me paraît encore très supportable, l’air étant quand même frais grâce à la rivière. 

Je pousse jusqu’à Port-sur-Saône pour la pause de midi (bon d’accord, de 14h). C’est la  dernière « grande ville » (plus de 2 000 habitants, quoi) avant très longtemps, alors il faut s’approvisionner : je n’aurai guère le choix que de retourner au supermarché Colruyt, ce qui fait toujours plaisir, surtout quand on doit pour y accéder se taper 1 km de Nationale en montée en se faisant doubler par des camions...et oui, c’est qu’on est pas loin d’une métropole encore plus importante : j’ai nommé Vesoul ! 

J’avais voulu voir Vesoul mais j’ai vu le gasoil, et il n’en fallait pas plus pour me convaincre d’économiser ce détour énergivore pour me concentrer sur la suite de la Voie Bleue. 

Après une petite sieste post-prendiale fort agréable, les premiers coups de pédale sont très, très durs...il n’y a qu’une solution, radicale : un CAFÉ ! Mon premier depuis 5 jours, je ne crois pas avoir tenu une telle diète depuis mon année de terminale. Non, je ne buvais pas de café en terminale, et alors ??

Requinqué par ces quelques gouttes d’or noir et une bonne discussion servis par la taulière du PMU - seul café d’ailleurs - du coin, la suite de l’après-midi ne sera que plaisir. Et cela même si la piste cyclable n’existe plus sur ce tronçon. 


Après mes galères de la veille, je jette mon dévolu sur un petit camping à la ferme du côté de Baulay : je ne le regretterai pas du tout !

À l’arrivée, je sonne directement à la porte de l maison : personne. Aucune tente à l’horizon, seule une vieille caravane décore la pelouse parsemée de pommiers et cerisiers...le camping serait-il encore fermé ? Bizarre, le portail était pourtant grand ouvert...En tout cas, le lieu fait rêver : des moutons bêlent en se suivant à la queue-leu-leu, il y a plusieurs tables de picnic, ainsi qu’un large espace abrité où on peut consulter toutes les cartes cyclotouristiques de la région ! C’est là que mon regard s’arrête, à côté de la grille des tarifs (très attractifs : 4€ la nuit pour 1 personne!) : une feuille qui invite à s’installer parce que les proprios ne sont pas là, et à laisser l’argent en partant dans la boîte aux lettres. Décidément, j’adore cet endroit !  

Cela fait du bien de savoir qu’il reste des endroits basés sur la confiance ! 

En plus, les sanitaires sont nickel...

Finalement, les gérants arriveront un peu plus tard, et nos échanges confirmeront tout le bien que je pensais déjà d’eux...des gens simples qui cherchent avant tout à faire des rencontres et à dépanner des voyageurs de passage ! 

Une bonne douche, une lessive et un bon repas (sur une table, s’il vous plaît !) plus tard, je partirai pour un somme en bord de Saône, bercé par les croassements sous un croissant de lune.