La veille au soir, j’ai fait une autre rencontre bien sympathique avec Éric, un cyclotouriste belge, ex-apiculteur qui a trouvé la voie de la prospérité en vendant des galettes sur les marchés. Qui dit rencontre, surtout avec un Belge, dit bière(s) ; décidément le sevrage d’alcool ne sera pas aussi aisé qu’au Maroc ou en Inde...


Ce temps de repos m’a fait du bien, mais m’a presque mal habitué : ce matin, je me sens mou, et pas particulièrement motivé à l’idée de ranger toutes mes affaires et de repartir vers l’inconnu...décidément, on s’enlise vite dans le confort !


Heureusement, une fois le matos rangé et les premiers tours de roue enclenchés, ça va beaucoup mieux. Je sens l’envie de rouler grandir au fur et à mesure des kilomètres. 

Le début d’étape fait traverser les banlieues de la capitale éponyme du Luxembourg, par un réseau de pistes cyclables pas mal fait mais parfois assez tortueux. Il faut dire que cela vaut le coup de les suivre, car les portions que j’ai faites sur les routes partagées avec les voitures n’ont pas été des plus agréables dans ce pays : clairement, ici les panneaux de limitation de vitesse sont décoratifs ! C’est qu’il ne faudrait pas brider la berline BMW de Madame, où le dernier SUV Audi de Monsieur...je confirme ce que me disait Arnaud : ici il y a pas mal de « jacky », mais ce ne sont pas des 205 qui sont tunées ! D’ailleurs au Luxembourg il paraît qu’on parle plutôt de « thuning »...


A peine sortis de la grande banlieue, on est déjà à Steinfort, à proximité immédiate de la frontière belge ! C’est assez sympa de se dire qu’on a traversé la moitié d’un pays en à peine 1h30. Mais je vais profiter encore un peu de l’Etat le plus riche du monde (si on considère que la richesse se définit par le PIB bien sûr, chacun son avis 😁), en longeant cette frontière vers le Nord pendant plusieurs dizaines de bornes, jusqu’à Martelange.

Le parcours est vallonné, mais emprunte à nouveau une ancienne voie ferrée a voie étroite (les luxembourgeois appelaient ces chemins de fer surtout dédiés au transport de minerai « Jangeli »). les montées se font donc en pente douce, voire même pas du tout, grâce à un long tunnel encore très bien conservé entre Eischen et Havelange : parfait pour le moral, surtout quand on ne s’y attend pas ! 


À hauteur de Redange, mon application de guidage (mapy.cz pour les intéressés) me propose de quitter temporairement l’Eurovelo 5 pour rejoindre Martelange par les crêtes : allez, pourquoi pas, ça a l’air un peu plus court !

Plus court peut-être, mais ça grimpe dur (je dépasse les 500 m d’altitude, dommage que j’aie oublié les feuilles de coca). Je longe pendant quelques kilomètres une petite route qui fait également office de frontière, et mes efforts sont récompensés par une belle vue panoramique sur le Belux (c’est comme le Benelux mais sans l’autre pays du fromage). 


Pour finir, une descente plongeante m’amène tout droit à la frontière à Martelange : frontière marquée ici par des stations-service et un énorme magasin dédié à la vente d’alcool. Je vous laisse deviner quels produits détaxés sont moins chers au Luxembourg que chez ses voisins...

Ensuite il ne me restera que quelques kilomètres le long de la vallée de la Sûre, où l’Eurovelo 5 est très bien indiquée, jusqu’au camping « Le Beau Rivage » où je serai très bien reçu malgré mon arrivée un peu tardive et à l’improviste ! Les nouveaux gérants néerlandais viennent de racheter et de remettre en l’état ce camping après 3 ans à l’abandon...pas de chance pour eux, ce n’est pas la bonne année, et il n’y a pas grand monde ! Je fais quand même la connaissance d’Olivier, un autre cyclo, qui comme Eric est Belge et va suivre l’Eurovelo 5 jusqu’en Italie. A croire que je suis le seul à aller vers le Nord ?