Ce matin, je me réveille avant la sonnerie du téléphone, perturbé par un élément jusqu’ici inconnu : le froid !

Les bords de la Sûre, l’altitude et le temps couvert et humide font chuter la température ressentie bien en-deçà des 10 degrés affichés (c’est peu pour un frileux en été).

L’avantage, c’est que ça aide à se speeder pour lever le camp ! Au moment de dire au revoir à mes hôtes, la gérante du camping a l’excellente idée de m’offrir un café : de quoi réchauffer le cœur et le corps ! Toi la flamande, quand tu mourras...🙏🙏


Les 3 couches sur mon dos (t-shirt - thermique - veste) ne seront pas de trop pour attaquer ces premiers kilomètres. Qui seront d’ailleurs très agréables : l’Eurovelo 5 emprunte ici à nouveau les anciens rails d’un tram, seul moyen de transport desservant la région à l’époque. 

En Belgique, ces voies vertes sont assez courantes et appellées RAVeL.

Même si celle-ci n’est pas goudronnée, je rejoindrai assez rapidement mon objectif de mi-journée : Bastogne.

Si vous ne connaissez ce nom que grâce aux biscuits, sachez que la ville est surtout restée célèbre par le siège qu’elle a subi pendant la bataille des Ardennes en décembre 1944. D’ailleurs elle est truffée de musées de la guerre, de mémoriaux et de vieux chars américains.


Par la suite, j’aurai l’honneur de rouler sur les traces de glorieux cyclistes, puisque j’emprunterai plus ou moins le tracé de la doyenne des courses de vélo : la fameuse Liège-Bastogne-Liège, où des biclous se tirent la bourre depuis 1892 (bon, bien sûr de mon côté je ne le ferai que dans un sens, et en 2 jours et demi) !


La route est bien parsemée de « coups de cul », une succession de petites montées et descentes assez courtes mais parfois raides. Mais au global, il y a plus de dénivelé négatif, ce qui permet de maintenir une bonne vitesse moyenne.


L’objectif fixé pour le soir est La Roche en Ardenne. Un peu avant d’entamer la descente vers cette ville, je m’arrête longuement pour étudier les possibilités quant au dodo du soir. En bas, la vallée de l’Ourthe (que je devrai suivre le lendemain) regorge de campings, mais tous plus chers les uns que les autres. Après tout, j’ai pris une douche hier, normalement je suis hébergé demain, il fait beau...la situation est idéale pour un bon petit camping sauvage !  

Direction le village le plus proche pour un « ravit’eau » : coup de chance, en plus il va me permettre d’enrichir ma collec’ de noms de communes cocasses (voir photo).


Je m’enfonce donc dans une piste forestière un peu en contrebas, et, après quelques minutes, tombe sur LE coin parfait : un petit bout de clairière très bien caché mais accessible, avec un sol recouvert d’une mousse épaisse...


Trop heureux de ma découverte et languissant déjà la nuit sur ce sommier royal, ma bonne humeur s’estompe brutalement à l’heure du dîner lorsque je découvre que ma poche filtrante à eau s’est percée...heureusement qu’il y a de quoi faire sécher les affaires sur les sapins entourant le campement, mais voilà une tuile qu’il va falloir réparer demain.


Cela ne m’empêche pas pour autant de me glisser sous la tente sereinement, après un dernier coup d’œil sur le ballet aérien offert par les lucioles.