D’humeur bienveillante, je décide de donner encore une chance aux pistes cyclables rurales pour traverser la réserve naturelle que je longe et rejoindre la ville de Slupsk. 

Malheureusement elles ne me rendront pas ma bonté excessive, puisqu’ici aussi le sable est omniprésent. Je ne sais pas s’il existe un Dakar à vélo, mais si oui je leur conseillerai la Pologne plutôt que le Pérou, quitte à délocaliser.

Il n’empêche que c’est quand même joli, et même assez drôle par moments de développer ses compétences de conduite sur sable...heureusement je suis aussi d’humeur philosophe et accepte de me limiter à 10 km/h en ce début d’étape. En plus un tapis de myrtilles bien mûres m’offre une récompense gourmande, et ça fait du bien de sentir à nouveau les bruissements silencieux de la nature, perdu sur ces pistes forestières, loin de tout.

Comme il faut bien avancer tout de même, je reprendrai un bout de route jusqu’à Slupsk, pas des plus agréables (trafic, vent et faux-plats montants). Mais après Slupsk, son centre ville vert et historique, et son buffet « au kilo » de cuisine sino-polonaise, le trafic sera beaucoup moins dense. La seconde partie d’étape sera donc un vrai plaisir : une vraie piste cyclable séparée sur 8 km à la sortie de Slupsk, puis des petites routes tranquilles plutôt en bon état, jusqu’au Graal sur les derniers kilomètres : une signalisation Eurovélo, avec kilométrage s’il vous plaît, et un balisage et revêtement au top ! Je ferai ce dernier tronçon en l’agréable compagnie de Katarzyna, une paysagiste polonaise installée en Allemagne, et qui passe ses vacances en famille juste à côté du camping ciblé pour la nuit. 

Arrivé au camping je dois switcher de l’allemand au polonais, car la gérante ne semble pas pouvoir, en tout cas surtout pas vouloir, prononcer un mot dans une langue étrangère. Mais on arrive malgré tout à se comprendre avec quelques mots basiques, et elle m’installe à l’arrache entre 2 caravanes sur les derniers quelques mètres carrés de pelouse disponible : peu importe, il y a une douche chaude, une cuisine avec café et thé en libre-service, ça me va très bien !