J’avais prévu une pause café après 10 km à Trzcinsko-Zdroj, surtout pour la bonne raison que c’est quasiment le seul village traversé par la piste cyclable menant à la frontière. Je ne m’y attendais pas, mais le village est très charmant, avec ses remparts et tours de granit, en bord de lac. 

Quasiment tout est fermé en ce dimanche 16 août, sauf un café-resto sur la place centrale. Je n’ai pas encore vraiment faim, mais il est déjà plus de midi, et ils font des pierogis (sortes de ravioli en demi-lune), une spécialité que je voulais absolument goûter avant de partir : j’en commande donc une dizaine, accompagnés d’un żurek, une soupe typique faite à base de farine de seigle fermentée. Occupant une grande table à l’extérieur, je serai rejoint par un couple de cyclistes locaux avec qui on sympathisera tant bien que mal avec quelques mots d’anglais et de polorusse.


Juste après le village, je change de piste cyclable régionale pour prendre la n.20 en direction de la frontière, suivant les conseils de Wojciech. Et encore une fois je ne peux que m’incliner devant son travail, car la piste est parfaite ! Il manque juste une passerelle cycliste au-dessus de l’Oder qui doit être livrée l’an prochain. Du coup ça oblige à remonter le long de la frontière sur 9 km pour traverser au niveau de Hohenwutzen. Mais ce n’est pas du tout un problème car la route est très jolie, bordant la mer de verdure que forme la large zone humide des différents bras de l’Oder. 


J’ai prévu un arrêt à la frontière côté Polonais pour dépenser mes derniers Zlotys : je pensais trouver juste une ou deux stations-services avec une petite supérette, mais en fait je me retrouve nez-a-nez avec une zone commerciale immense construite spécialement pour les allemands, où tout est écrit dans la langue de Goethe et où tous les prix sont en euros...j’ai du mal à trouver autre chose que des clopes et des boissons, mais arrive quand même à dénicher un sandwich, du pain et du fromage.  


Je décide de camper vers Bad Freierwalde, à une quinzaine de km de là. Enfin, plutôt une vingtaine, à cause de ma vision défaillante qui a dû me faire rater un panneau...finalement la montée dans la forêt se fait presque de nuit, et je finis à pied à cause des pourcentages élevés et du chemin sablonneux. Ce qui me permet d’observer les alentours à la frontale : c’est très pentu, et je commence à perdre espoir, jusqu’à ce qu’un premier replat un peu praticable apparaisse sur la droite...même si je serai visible depuis le chemin en contrebas, pas moyen, je m’arrête là ! 

Au final je suis bien content d’avoir acheté de quoi faire un repas froid, car la fatigue et la topographie du terrain ne me donnent clairement pas envie de cuisiner ce soir ! Je n’ose à peine penser que je suis en train de vivre mon dernier bivouac du voyage...